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- Numéro 3 - L'État et son territoire
5 - Un royaume de Lombardie ? Déconstruire un État alpin pour le reconstruire dans la plaine padane (XVIIe-XIXe siècles)
Alexandre RUELLE
Régnant sur un État chevauchant les Alpes occidentales, la maison de Savoie fait de la plaine du Pô sa chasse gardée afin de poursuivre son rêve : dépasser son statut de prince de second rang en devenant roi de Lombardie, titre prestigieux hérité de l’ancien royaume médiéval. Du « Grand Dessein » que Sully prête à Henri IV à l’unité italienne, la conquête du Milanais avec l’aide de la France – à qui la Savoie serait alors rétrocédée – devient la grande ambition de la dynastie qui renoncerait alors à son rôle de « portiers des Alpes » et déconstruirait son État montagnard pour le reconstruire en plaine. En effet, le royaume lombard rétabli, le Piémont deviendrait l’excroissance d’un « État padan » dominé par Milan, les Savoie préférant sans doute s’éloigner de leurs montagnes pour régner depuis la première capitale des anciens rois lombards, plus prestigieuse que Turin. À terme, l’identité alpine de cette maison est vouée à disparaître, ou plutôt à se « padaniser ». Cet article s’appuie sur l’étroite relation que la dynastie entretient avec son territoire « alpino-padan » pour réinterroger la construction de son État : tournés vers Milan pendant trois siècles, les Savoie poursuivent un projet longtemps resté chimérique et finissent par descendre des sommets pour régner depuis les plaines.
Mots clefs : royaume de Lombardie, maison de Savoie, Alpes occidentales, plaine du Pô, Milan, identité territoriale, construction/déconstruction, guerres, diplomatie. Alexandre Ruelle, Les Cahiers d’AGORA