- Regards croisés d’hier et aujourd’hui -
Lancée en 2024, la collection « Asie(s) », troisième pan des nouvelles collections consacrées aux grandes aires culturelles aux Éditions de la MSH, a entrepris de s'intéresser aux deux champions de l'Asie avec Nehru, les débats qui ont fait l’Inde, traduction de l’ouvrage d’Adeel Hussain et de Tripurdaman Singh (2021) et Qu’est-ce que la Chine ?, traduction de l’ouvrage de Ge Zhaoguang (2014).
Cette conjonction appelle à un dialogue sur les deux États les plus peuplés de la planète, tous deux fruits de civilisations millénaires, mais porteurs d’une histoire différente, même si tous deux, aujourd’hui, entendent redéfinir l’ordre mondial en s’appuyant sur leur lecture de leur passé.
Lun Zhang et Jean-Luc Racine, les préfaciers des deux ouvrages, commenteront en deux étapes les visions de soi que portent ces États-civilisations, puis leur relation complexe dans un monde où le multilatéralisme onusien doit faire face à une multipolarité renforcée par les conflits emblématiques du moment, et par la course à la puissance des deux géants asiatiques. Un débat avec la salle clôturera la session.
Un débat avec la salle clôturera la session.
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Les intervenants
- Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS et chercheur senior à Asia Centre.
- Lun Zhang, sociologue et directeur de thèse à l’université de CY Cergy-Paris.
Les ouvrages
« Nehru. Les débats qui ont fait l'Inde »
Adeel Hussain et Tripurdaman Singh
De son élection à la présidence du Congrès en 1929 jusqu’à sa mort en 1964, Jawaharlal Nehru est resté une figure dominante de la politique indienne, un homme qui a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’Asie du Sud. En tant que chef de file de la lutte nationaliste et en tant que premier et plus ancien Premier ministre de l’Inde, ses idées ont façonné les contours politiques du pays et ont laissé une empreinte si profonde que son héritage continue d’être débattu aujourd’hui. De son vivant, comme après Nehru a incarné beaucoup de choses pour beaucoup de gens. Allant au-delà des étiquettes imposées par le discours contemporain, ce livre éclaire les quatre principaux débats que Nehru a eus avec ses contemporains : Mohamed Iqbal, Mohamed Ali Jinnah, Sardar Patel et Syama Prasad Mookerjee – qui sont essentielles pour comprendre ses idées et la longévité de son influence jusqu’à notre époque. Nehru n’est peut-être plus en vie pour répondre à ses détracteurs aujourd’hui, mais il fut un temps où il se dressait vigoureusement contre ses adversaires, débattant des questions les plus profondes de l’histoire de l’Asie du Sud et influençant de manière décisive les événements politiques. C’est ce Nehru intellectuellement combatif que nous rencontrons dans ce livre – exprimant des désaccords idéologiques, forgeant des alliances, façonnant l’opinion politique, offrant des visions d’avenir et jalonnant le champ politique.
Nous avons vu resurgir ces dernières années les questions qui étaient au cœur des préoccupations de Nehru : la sacralité de la constitution, la liberté d’expression, le rôle de la religion dans la société, la représentation des musulmans, les échanges avec la Chine. Les conflits ont repris avec virulence et l’héritage de Nehru et de ses disciples est remis en question comme jamais auparavant. Il est donc particulièrement opportun et important de pouvoir revenir aux sources de ces débats.
« Qu'est-ce que la Chine ? Territoires, ethnies, cultures et histoire »
Zhaoguang Ge
Travail de l’éminent historien de la Chine traditionnelle Ge Zhaoguang, Qu’est-ce que la Chine ? propose un récit de l’intérieur. Il aborde les problèmes sensibles de l’identité chinoise et il montre comment la recherche moderne sur la Chine – qu’elle soit menée en Chine, en Asie de l’Est ou en Occident – a tenté de donner un sens aux frontières territoriales changeantes du pays et à la diversité des groupes ethniques et culturels. Ge considère, par exemple, l’ancien concept de tianxia, littéralement « tout ce qui existe sous le ciel », qui attribuait la suprématie à la cour impériale et un statut moindre aux fonctionnaires, citoyens et aux peuples tribaux. Le gouvernement chinois fonctionne-t-il toujours avec une croyance en la règle divine du « tout ce qui existe sous le ciel », ou a-t-il adopté une vision différente des autres acteurs, à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières actuelles ? Répondant à la fois aux théories occidentales de l’État-nation et aux intellectuels chinois désireux de promouvoir « l’apprentissage national », Ge offre un récit perspicace et érudit de la façon dont la Chine conçoit sa place dans le monde. Tout en s’attaquant à des forces historiques et culturelles complexes guidant le fonctionnement interne d’une nation souvent incomprise, Ge fait également émerger de nombreuses nuances de la rencontre de la Chine avec le monde contemporain, utilisant le passé du pays pour expliquer des aspects de son présent et pour donner un aperçu des différentes voies qu’il pourrait emprunter au cours du XXIe siècle. Comme le souligne l’historien Mark C. Elliott, de l’université d’Harvard, dans son compte rendu de la traduction anglaise, les non-sinophones ont bien trop peu accès aux opinions des intellectuels chinois d’aujourd’hui. Ce livre donne un excellent aperçu des principales questions qui se cachent derrière l’énigme de l’identité chinoise moderne.